La 5e édition d’Integrity Icon de l’ONG Accountability Lab célèbre les acteurs engagés dans la riposte contre la pandémie de coronavirus. Depuis 2016, cette ONG mène une croisade contre la corruption au Mali.
L’ONG Accountability Lab Mali a officiellement lancé sa campagne Integrity Icon, le 4 juin 2020, à Bamako. Elle célèbre depuis 2016 des travailleurs « honnêtes » et « intègres » de l’administration publique malienne. L’édition de 2020 est dédiée aux acteurs engagés dans la riposte contre la pandémie de coronavirus.
« Le défi central du Mali est lié au manque d’intégrité, qui est au cœur de la corruption, de l’inégalité et de l’insécurité », estime Accountability Lab Mali dans une note. Les responsables de l’ONG ambitionnent, à travers la campagne Integrity Icon, de redorer l’image du Mali. Ce pauvre État sahélien, en proie à une montagne de défis, est classé parmi les pays « les plus corrompus » par Transparency International et la Banque mondiale.
Depuis au moins deux décennies, des initiatives ont vu le jour pour faire face au fléau de la corruption au Mali, avec des maigres résultats, face à l’ampleur extraordinaire du phénomène. Moussa Kondo, le directeur pays de l’organisation anticorruption, résume ainsi le mal : « La corruption au Mali, ce n’est plus simplement de la corruption, c’est un crime organisé qui brise des rêves, en raison de son cout élevé.»
« Servir de modèles aux futures générations »
L’ancien basketteur et journaliste, fondateur du journal L’Express de Bamako, a opté pour un « changement de paradigme » dans la lutte contre la corruption. Plutôt que de chercher à traquer et punir les corrompus, l’approche Intigrity Icon vise à célébrer les travailleurs réputés pour leur honnêteté et leur intégrité pour « servir de modèles aux futures générations », selon Souleymane Bouaré, le directeur résident de l’organisation non gouvernementale. « Si vous avez des gens intègres la journée, vous aurez moins de corrompus à chercher la nuit », ironise Moussa Kondo.
Au Mali, les personnes reconnues pour leur intégrité sont souvent confrontées à d’énormes difficultés sur le plan social et professionnel. Des antivaleurs font que beaucoup sont stigmatisés au niveau social et perdent leurs positions d’un point de vue professionnel. Pour Dr Aminata Goïta, médecin-cheffe du district sanitaire de Sikasso au sud du Mali, « tout n’est pas argent ». Avant d’ajouter : « Le simple fait de reconnaitre le mérite est beaucoup ».
Elle est la lauréate de la dernière édition et passera le flambeau, le 9 décembre prochain, à l’issue d’un gala dans la capitale malienne. L’évènement couvre l’ensemble du Mali. Cette année, l’ONG a décidé de célébrer le combat des personnels sanitaire et militaire contre le coronavirus.